Tanztheater Wuppertal

Le plus foudroyant théâtre de vie; traversée du corps — Odyssey — avec toute la violence que met la semence à trouer le jour, et (é)clore; est celui de Pina Bausch avec son sacre du printemps. Elle a compris Stravinsky dans le cœur. Il m’a fallu elle, pour l’entendre, lui. J’ai observé cette transe, il y a quelques années-lumière, maintenant, cela demeure le rite de passage le plus puissant, déposé dans les trois sphères de mon être, d’une percée, d’un seul coup. Je ne pourrai jamais oublier ce plancher en terre volatile, ces robes fines et immaculées se transformant au fil de l’effort en lin souillé, mais ne perdant rien en beauté. Et ces vaisseaux communiquant, ces physiques façonnés par l’effort, de tous les âges et de toutes les jeunesses. Pina a perçu intimement ce que toute émotion qui fixe le squelette, la somme colossale — encore une fois — la traversée, l’Odyssey, exige. La naissance est la chose la plus violente qui soit, et l’âge le plus tendre où tout se grave; sans qu’on ne sache trop comment et pourquoi; dans des sillons ensemencés, pousse en réseaux complexes un arbre, ou une étoile, selon la configuration. La brillante chorégraphe allemande ne fait pas l’économie de ce biface, dont tes rayons parlent si souvent. Nous sommes, bel et bien, doubles, et je suis, sans nul doute, de ce printemps.

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